mardi 4 mars 2014

Des héros.

     Ils sont des héros, ils l’ont dans la peau. C’est comme dans le sang, du cerveau aux os. De leurs ailes légères bien que de plomb, ils planent par-dessus la pitoyable plèbe qu’ils surplombent. Ou bien de leur zèle ? Leur or n’a ni carats ni diamants incrustés, mais n’est pas pour autant dénué de prix. Et quel prix ! Après avoir payé de sa dignité, son estime de soi et de sa réalité piquée à vif, que reste-t-il donc ? Des projets, des rêves ? À quoi bon s’il suffit de s’envoyer en l’air pour les frôler du bout des doigts dans un mouvement las et mal contrôlé ?

     Ils sont des héros, anciens prolos. Ils ont touché le gros lot. Se brossant des soucis, s’en shootant de la vie, ils sont libres, si libres. Et pourtant assujettis au semblant de désir pervers qu’il leur reste. Ils s’évertuent à revendiquer leur légèreté, mais même celle-ci pris du plomb dans l’aile. Les bras couverts de bleus, leur tête embrumée toute la journée, ils tentent de se réchauffer le cœur de petits réconforts chimiques, comme magiques, mais arrive un moment où, meurtrie, leur semblant de vie s’évapore, à l’image des substances qu’ils ingurgitent.

     Ils sont des héros, de Christiane à Amy, de Kurt à Philip, tous de beaux héros tombés à l’eau, trop faibles pour nager vers la rive droite. Les poussières de leurs ailes pitoyables se sont envolées, et la poudre dans les yeux ne fait plus. Certains reposent dans un semblant de paix, d’autres s’accrochent encore aujourd’hui davantage à leurs cachets qu’à la vie qui leur a été donnée de vivre.


     
Ils sont des héros mais se sont fait plumer.  N’est-il pas parfois plus opportun de rester au sol et d’attendre l’instant où plus aucun regret ne nous retiendra pour s’élancer vers le paradis?


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