dimanche 29 juin 2014

Pluie d'été.

   
 Il pleut au crépuscule de mes pensées. L’air longtemps sec et aride qui s’est engouffré dans mes poumons durant des semaines caniculaires est teinté de larmes tombées du ciel. Hier encore, ce soleil impitoyable, cause de mon malheur me malmenait à bras le corps. Calfeutré dans mon antre à l’atmosphère de sécurité illusoire, j’attendais le retour de la pluie. Je payais cher chaque sortie de ma zone de confort. Je crachais du sang, de la sueur et les coups sur mon petit corps blême me rappelaient chaque jour le prix de mon amour. Averti, j’étais consentant, fasciné par ta lueur et ton aura. J’acceptais l’exposition au danger, en tenue originelle et prenais volontiers les rayons destructeurs sans chercher à les éviter, à m’abriter. Déshydraté, je ne tentais que de me vider davantage de mes ressources. Tu as brûlé à petit feu chaque centimètre de mon cœur disposé en offrande sur l’autel que j’avais dressé en ton honneur. J’aurais pu mourir tant le fanatisme s’était emparé de ma raison.


     Avec le temps, ma peau s’est endurcie, à coups de soleil, de mots et de maux. L’être blafard que j’étais lorsque j’ai connu ce bel astre, désastre, s’est transformé en animal des contrées ensoleillées. Je ne redoutais plus ta colère face à ma vie, que tu semblais prendre pour une provocation. Cependant, j’attendais ton départ pour sortir de ma grotte et rouvrir les yeux sur une contrée tellement plus nette dans la pénombre de la solitude. Aujourd’hui, les perles de pluie salvatrice frappent le sol en rythme, et je danse, heureux comme jamais dans cette poussière de boue. L’odeur de l’air m’est délicieuse, et j’ai sorti le télescope, à la recherche de galaxies encore inconnues. L’air rafraichi, chaleur de mon cœur me suffit amplement. Et tombe la pluie, et tombe ton aura sans cesse dégradée par l’ombre que tu as levée sur mon ignorance. 

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